Pour que vous ayez une idée de ma façon de voir le travail de comportementaliste canin, je me suis dit qu’il serait intéressant de vous expliquer pourquoi j’ai choisi ce nom.
Cyn-ologie
Pour la première partie, elle semble assez évidente puis que « Cyn » vient de « Cynophilie » qui désigne l’intérêt, l’amour pour les chiens et « Cynologie » qui est l’étude et connaissance sur le chien.
Sy-stémie
Le développement de tout être vivant s’observe et s’étudie au regard du contexte de vie dans lequel il évolue.
En systémie, on considère l’individu comme appartenant à un système constitué de plusieurs sous-systèmes en interaction (von Bertalanffy, 1969) qui possèdent chacun des modalités de fonctionnement et des lois qui lui sont propres et qui vont s’influencer mutuellement
La systémie est une manière d’observer, d’étudier et/ou d’expliquer les phénomènes. Pour cela, elle s’appuie en partie sur 5 principes (de Rosnay, 1975 ; Morin, 1977. Yatchnnowsky, 1999 ; Villeneuve et Toharia, 1997) :
La systémie appliquée à la prise en charge comportementale
A partir de cet angle de vue systémique, nous allons nous intéresser aux relations qui existent entre le chien et ses différents milieux de vie (famille, activité, lieu de vie etc).
La prise en compte des interactions entre le chien et les différents milieux dans lesquels il évolue nous permet d’avoir une approche globale et de ne pas nous intéresser qu’au symptôme.
Exemple : votre chien réagit au contact d’autres chiens. Nous pourrions nous intéresser uniquement au symptôme qu’est la réactivité. Mais si on analyse la situation dans sa globalité, on pourrait apprendre par exemple que votre chien a des difficultés à supporter la solitude et que, pourtant, il reste 7h seul par jour. Lorsqu’il va sortir en balade, son stress accumulé toute la journée ne va pas lui permettre d’être dans de bonnes dispositions à la rencontre d’autres chiens. Finalement, travailler la solitude lui permettra peut être de réduire sa réactivité congénère puisqu’il accumulera moins de stress dans la journée et sera plus à même de gérer les situations stressantes lors des balades à l’extérieur.
Puisque que chaque interaction est différente, chaque cas est unique. Une même proposition d’adaptation pour deux chiens différents pourrait ne pas mener à des résultats identiques et deux propositions différentes pourraient mener à un même résultat. C’est ce qu’on appelle le principe d’équifinalité.
Ces interactions entre les différents sous-systèmes vont s’influencer mutuellement voire vont influencer tout le système. Les réponses à ces interactions vont-elles mêmes influencer le sous-système. C’est le principe de rétroaction que nous avons évoqué dans la partie précédente.
Exemple : Mon chien a de vives réactions à la vue de cyclistes. Ses réactions vont en entrainer d’autres chez moi comme prendre de la distance par rapport aux vélos. Mon chien est plus serein puisqu’une plus grande distance a été mise entre lui et le cycliste. La prochaine fois, je prendrai directement de la distance dès que j’apercevrai un vélo ce qui lui permettra de ne pas se mettre en tension mais d’être à une distance suffisante pour se sentir calme à la vue du cycliste.
Enfin, il est important de noter que chaque comportement a une fonction, chaque comportement s’organise en fonction d’un but.
Exemple : votre chien a peur des humains
Comportement = aboiements
But = mise à distance des humains
On retrouve ici le principe d’homéostasie car l’intérêt pour le chien de produire ce comportement, à terme, est de retrouver un état interne plus serein.
Références utilisées
- Bertalanffy, L. Von, (1969). General System Theory. New York: George Brazier, pp. 39-40
- Jackson, D. D (1981). L’étude de la famille (trad. de » The Study of the family », 1957). Sur l’interaction. P. Watzlawick and J. Weakling. Paris, Seuil: 1-20
- Morin, E. (1977) La méthode. Paris. Seuil
- Rosnay, J. d. (1975). Le macroscope- Vers une vision globale. Paris, Seuil
- Villeneuve, C. and A. Toharia (1997). La thérapie familiale apprivoisée. Montreal, Les presses de l’université de Montreal
- Yatchnnowsky A. (1999), L’approche systémique pour gérer l’incertitude et la complexité, ESF, Paris.